Lettre N°35 - Janvier 2020
- Francis Delobel
- 16 févr. 2020
- 5 min de lecture

L'année 2019, une bonne année.
Malgré son lot d’incertitudes, l’année 2019 aura finalement réservé quelques bonnes surprises, à l’image du retour du CAC 40 vers les 6 000 points en décembre, pour la première fois depuis 12 ans.
A commencer par le net rebond des principales bourses mondiales, après un bilan 2018 chaotique. De part et d’autre de l’Atlantique, les grands indices ont affiché des hausses de l’ordre de 20 % : + 26.4 % pour le CAC 40, + 28,8% pour le S&P 500, +18.2% pour le Nikkei 225 (performances, dividendes non réinvestis en devises locales). L’arsenal de mesures déployé par les banques centrales pour lutter contre la déflation y est pour beaucoup. La Réserve Fédérale des Etats-Unis (Fed) et la Banque Centrale Européenne (BCE) ont continué de mener des politiques monétaires accommodantes en injectant des liquidités sur les marchés financiers. Cela a profondément renforcé la valorisation des actions. Ainsi, contrairement aux attentes du consensus fin 2018, la Réserve Fédérale Américaine a baissé ses taux directeurs à trois reprises en 2019. De son côté, après avoir alloué 2 600 milliards d’euros à des rachats d’actifs, principalement des obligations d’Etat et d’entreprises entre mars 2015 et décembre 2018, la BCE a repris son programme d’acquisition en novembre 2019 au rythme de 20 milliards d’euros par mois. Ce revirement sur les politiques monétaires constitue le principal événement de cette année écoulée avec le niveau des taux bas.
L’autre force de rappel est d’ordre macroéconomique. Les indices se sont avérés plus rassurants aux Etats-Unis comme en Europe : baisse du taux de chômage, hausse des salaires, augmentation du pouvoir d’achat... Contrairement à ce que pouvaient craindre certains investisseurs, le secteur des services assurait un relais solide au secteur des biens manufacturiers, qui traversait certes une phase de quasi-récession mais dont le poids dans l’économie reste largement minoritaire. Et cela alors que les tensions commerciales semblent vouloir s’apaiser entre les Etats- Unis et la Chine, à l’aube des élections américaines de 2020.Le marché semble s’être accoutumé aux épisodes récurrents de tensions. Les indices ont bien résisté malgré le Brexit, la crise politique italienne, le feuilleton géopolitique de la guerre commerciale sino-américaine et la montée des hostilités entre les Etats-Unis et l’Iran.
L’augmentation de l’épargne des ménages et la reprise de la consommation, devraient porter ses fruits au cours des prochains trimestres. Jamais les Français n'ont eu autant d'argent en liquide, sur des livrets d'épargne ou placés en assurance-vie (fonds euro). Depuis 2015, l'encours de l'épargne dite « sécurisée » a progressé de 530 milliards d'euros. Un boulet pour les banques et les assureurs dans le contexte de taux bas. Bercy a baissé le rendement de plusieurs livrets, comme le Livret A et le LDDS. A partir de février, ceux-ci seront fixés a 0,50%, leur niveau plancher, contre 0,75% actuellement.
Il convient de surveiller en premier lieu les flux des investisseurs anglo-saxons qui pourraient revenir sur le marché européen dans un contexte de résolution du Brexit et d’anticipation de baisse du dollar par les investisseurs. A côté de ces flux externes, un autre élément pourrait intervenir à ce stade du cycle boursier : le retour des opérations de fusion-acquisitions ou de fonds davantage activistes qui ont d’ailleurs commencé à se positionner sur le marché européen.Ces opérations concerneront en priorité les secteurs à la recherche d’économies d’échelle. Des entreprises pourraient être retirées de la cote étant donné le désintérêt des investisseurs à leur égard. D’autres qui possèdent au contraire une compétence technique recherchée pourraient être des cibles d’acquisition.
Actuellement, en zone euro, les actions se traitent autour de leur moyenne historique, soit environ 14 fois les bénéfices estimés pour 2020, mais paraissent toujours bon marché, compte tenu des taux historiquement bas. Les investisseurs seront peut-être amenés à réallouer leurs investissements vers la Bourse...
Le régime des contrats d’assurance vie souscrits avant le 1er janvier 1983 est modifié. Loi de finance 2020.
L’article 9 de la Loi de Finances adoptée en lecture définitive le 19 décembre dernier vise à réintégrer pour l’avenir les contrats d’assurance vie souscrits avant le 1er janvier 1983 dans le régime classique de l’assurance vie. A partir du 1er janvier 2020, les contrats souscrits avant le 1er janvier 1983 seront assujettis au même régime fiscal que les contrats plus récents pour les primes versées à compter du 10 octobre 2019. En revanche, tous les produits générés par les primes versées avant le 10 octobre 2019 restent exonérés d’impôts sur le revenu. Les auteurs de l’amendement soulignent, dans l’exposé des motifs, que ces « vieilles » assurances-vie vont toutefois profiter des avantages fiscaux pour durée de détention.
Ce qui change au 1er janvier 2020
Baisse de l’impôt sur le revenu
La loi de finances pour 2020 prévoit une baisse de 5 milliards d’euros de l’impôt sur le revenu à compter de l’imposition des revenus 2020 dont bénéficieront les classes moyennes. Le taux d'imposition de la 1ère tranche de l'IR, qui regroupe 12 millions de foyers, sera abaissé de 14 % à 11 % dès 2020. Cela représente un gain moyen par foyer de 350 €, soit, à ce niveau, un tiers de l'impôt en moyenne. Les 5 millions de foyers de la tranche suivantebénéficieront d'un gain moyen de 180 €.
Entrée en vigueur du prélèvement à la source pour les salariés à domicile
À partir du 1er janvier 2020, la réforme du prélèvement à la source s’appliquera sur la rémunération versée au salarié à domicile. Elle sera mise en œuvre selon des modalités simplifiées par l’intermédiaire des dispositifs CESU et PAJEMPLOI existants.
Suppression de la taxe d’habitation en 2020
En 2020, la taxe d’habitation est supprimée intégralement pour 80 % des ménages. Pour les 20 % restants, la suppression de cette taxe sera effective dès 2023. Les plafonds de revenus pour en bénéficier dès cette année sont :

Revalorisation du Smic
Au 1er janvier 2020, le Smic sera revalorisé de 1,2 % pour atteindre 10,15 € par heure (contre 10,03 € par heure depuis le 1erjanvier 2019), soit 1539,42 € par mois sur la base de la durée légale du travail de 35 heures de travail hebdomadaire. La revalorisation annuelle du Smic est liée à l'évolution de l'inflation et des salaires pour les ménages les plus modestes.
Hausse du prix du timbre
À partir du 1er janvier 2020, le timbre vert augmentera à 97 centimes. Le timbre rouge augmentera, lui, de 11 centimes passant de 1,05 € à 1,16 €.
Réindexation sur l’inflation des pensions des retraités les plus modestes
La loi de financement de la sécurité sociale pour 2020 prévoit de réindexer les pensions des retraités les plus modestes sur l'inflation. Cette mesure concerne les retraités dont les retraites brutes globales n’excèdent pas 2000 € par mois. La revalorisation des pensions de base interviendra dès le 1er janvier 2020 sur le niveau d'inflation pour les retraités percevant moins de 2000 € bruts par mois et à hauteur de 0,3 % pour les retraités dont les revenus sont supérieurs à ce seuil.
Revalorisation du minimum vieillesse
La loi de financement de la sécurité sociale pour 2020 poursuit le renforcement du soutien aux plus fragiles. L’allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) fera l’objet d’une revalorisation au 1er janvier 2020 portant le montant de l'ASPA à plus de 900 € pour une personne seule contre 868,20 € en 2019.

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