Lettre N°34 - Octobre 2019
- Francis Delobel
- 16 févr. 2020
- 5 min de lecture

Trump, suite...
De nouveau, le 3ème trimestre a vu les marchés actions évoluer au rythme des informations liées aussi bien à la politique américaine (procédure de destitution contre le président Donald Trump), qu’à la guerre commerciale entre la Chine et les Etats-Unis. Washington est toujours à la recherche d’un accord large avec la Chine, au-delà du simple sujet de l’agriculture. Le président Donald Trump a cependant ravivé les inquiétudes sur la poursuite des négociations lors de son discours à l’ONU.Du côté de l’évolution des fondamentaux, les indicateurs avancés PMI publiés aux Etats-Unis et dans la zone euro montrent que le ralentissement économique se confirme. Ceci n’a cependant que légèrement impacté les marchés d’actions. Le secteur manufacturier en Allemagne atteint un point bas depuis 2009, notamment impacté par l’automobile et l’effondrement des nouvelles commandes étrangères. Les taux souverains à 10 ans ont naturellement rechuté, les marchés actions se repliant dans un premier temps dans un nouveau mouvement d’aversion au risque. Mais ce mouvement est resté limité. La publication du chiffre définitif de la croissance américaine au 2nd trimestre, confirmée à +2% en rythme annualisé, n’a également eu quepeu d’effet. Au Royaume-Uni, le feuilleton du Brexit continue. La décision de la Cour Suprême mercredi d’autoriser la Chambre des communes à siéger à nouveau réduit les options disponibles pour Boris Johnson, mais laisse la situation globalement inchangée. En France, la présentation du budget 2020 témoigne du changement de stratégie du gouvernement. Après deux années consacrées à améliorer la compétitivité des entreprises et favoriser l’investissement, la priorité est à présent donnée à la consommation.
PER : un nouveau produit est né depuis le 1er octobre 2019!
L’objectif est de renforcer l'attractivité de l'épargne de long terme et de l'orienter davantage vers le financement des entreprises.
Calendrier de mise en œuvre de la réforme de l'épargne retraite
1er octobre 2019
Lancement de la commercialisation des nouveaux PER prévus par la loi PACTE Les épargnants disposant déjà d’un ancien produit d’épargne retraite (PERP, Madelin, Préfon, COREM, CRH, PERCO, article 83) ont la possibilité de transférer leur épargne dans un nouveau PER s’ils le souhaitent. Les entreprises et les associations souscriptrices peuvent faire évoluer leur produit d’épargne retraite pour bénéficier des avantages permis par la loi PACTE
1er octobre 2020
Les anciens produits d’épargne retraite (PERP, Madelin, Préfon, COREM, CRH, PERCO, article 83) seront fermés à la commercialisation. Les versements sur les anciens produits demeureront toujours possibles.
1er janvier 2023
Date limite, pour les épargnants, pour bénéficier d’un avantage fiscal exceptionnel en cas de transfert de l’assurance vie vers un nouveau PER. Durant ce délai, tout rachat réalisé sur un contrat d’assurance vie de plus de 8 ans fera l’objet d’un abattement fiscal doublé, à condition que les sommes soient réinvesties dans un PER et que le rachat soit effectué au moins 5 ans avant le départ en retraite.
Taux des obligations négatifs : conséquences
A ce jour, une large part des obligations mondiales se négocie avec un rendement négatif. Jour après jour, l’impact de la politique monétaire de taux négatifs durables se fait progressivement sentir et invite chaque épargnant ou emprunteur à revoir ses schémas du "monde d’avant".
En septembre, plusieurs banques implantées en France ont ainsi annoncé appliquer un taux négatif sur les comptes courants de particuliers fortunés. Un tabou tombe, puisque pour la première fois de l’histoire française, le liquide "pur" peut faire l’objet d’une taxation. En Allemagne aussi, la Sparkasse de Munich, cinquième caisse d’épargne du pays, a choisi d’appliquer un taux négatif à tous les dépôts supérieurs à 100 000 euros. Une taxation des comptes courants qui pourrait bien devenir universelle en Europe.
La Banque de France se veut rassurante, seuls les clients les plus fortunés risquent d’être concernés par la taxation des dépôts. Pour les banques il n’est pas question d’appliquer à leurs « clients habituels » des frais sur leurs liquidités. Il s’agirait des très gros patrimoines avec des comptes courants supérieurs à un million d’euros. Sur les antennes radio, le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, s’est voulu rassurant, en affirmant qu’aucune banque française n’applique aujourd’hui de taux négatifs, c’est-à-dire des frais, à ses déposants particuliers habituels. Pour La Banque de France, il n’y a pas lieu de facturer des frais sur les dépôts des « particuliers habituels » et PME (Petite et Moyenne Entreprise). La Banque de France serait vigilante à cela. La situation devient paradoxale avec les taux négatifs. Les banques sont dans la position où elles ne souhaitent plus avoir de dépôts trop importants de leurs clients. Jusqu’alors, la clientèle concernée était celle des entreprises qui pouvait se voir facturer ses dépôts importants auprès d’une banque.
Les assureurs ont ensuite rejoint le mouvement, la semaine dernière. En France, GENERALI, rapidement suivi par ALLIANZ, a frappé un grand coup en annonçant que « le monde du fonds en euros roi est terminé ». L’assureur souligne qu’il ne lui est désormais plus possible, dans les conditions actuelles de marchés, de continuer à promouvoir un produit financier aux si généreux attributs – liquidité, garantie en capital, effet cliquet annuel sur les revenus – le tout dans un cadre fiscal avantageux tant pour l’imposition des revenus que pour la transmission.
La principale raison de ce choix radical d’un point de vue commercial est là aussi l’installation durable en territoire négatif d’une large part des obligations les plus sûres, et son impact sur le risque d’insolvabilité des assureurs dans le cadre de la directive Solvency II. Si la situation perdure, les assureurs ne pourront tout simplement plus garantir le capital ou verser un rendement garanti sur les fonds en euros traditionnels. C’est pour cette raison que tout est fait pour dissuader les épargnants de se diriger vers les fonds en euros traditionnels, et que les alternatives proposées – immobilier, fonds eurocroissance, unités de compte financières ou encore private equity – ont deux points communs : réduire le risque bilanciel pour l’assureur et proposer une espérance de rendement à long terme non nul ou négatif pour l’épargnant.
Finalement, il ne s’agit là que de la réalisation de l’objectif souhaité par la Banque Centrale Européenne en fixant des taux négatifs. Elle incite les différents acteurs du monde économique à prendre plus de risque soit en s’endettant, soit en investissant, afin de relancer l’inflation et soutenir la croissance. Car plutôt que de financer les acteurs réputés les plus sûrs (comme les Etats) via l’achat de dettes, l’épargne est ainsi orientée vers des acteurs et des actifs certes plus risqués, mais potentiellement plus favorables à la croissance, et plus rémunérateurs. L'épargnant doit désormais accepter le risque s’il veut se donner la possibilité d’obtenir un rendement à terme supérieur à l’inflation, sans quoi l’érosion de son capital sera certaine.
L’Eonia est mort, vive l’€STR !
Mercredi 2 octobre, le nouvel indice de référence au jour le jour de la zone euro, le taux €STR, cotera pour la première fois. Même s’il remplacera officiellement l’Eonia le 1er janvier prochain, ce dernier continuera d’exister pendant encore deux ans, de manière à simplifier la transition pour les opérateurs. Les directions financières devront donc s’habituer à gérer les deux indices en parallèle durant cette période.

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